L’exécutif lance aujourd’hui la conférence citoyenne sur les temps de l’enfant. Pour avoir été engagé dans la reforme des rythmes scolaires engagées en 2013 sous le quinquennat Hollande par Vincent Peillon, réforme remise en cause par Blanquer dès le début du quinquennat Macron, loin de moi l’idée de sous estimer le sujet des rythmes de l’enfance. Mais fallait-il pour autant soumettre le sujet à une conférence citoyenne.
Ce type d’exercice est utile pour déshystériser des débats marqués par leur extrême polarisation et la brutalisation, pour y réintroduire « le courage de la nuance » contre une montée aux extrêmes nuisible à la démocratie, en permettant à des citoyens tirés au sort de se faire une opinion en tenant compte de la complexité de sujets qui se prêtent mal au manichéisme des débats politiques. C’est ce qui s’était passé avec succès, mais sans pouvoir déboucher sur une nouvelle politique publique, sur la question climatique, ou, avec un débouché législatif équilibré, sur la question de l’aide à mourir.
C’est pourquoi j’avais soutenu la proposition de Thierry Beaudet, président du Cese, d’une conférence citoyenne sur la question migratoire, et proposé de mon côté, dans le cadre de mon travail sur le mal-être en agriculture, une conférence citoyenne sur la conciliation entre l’objectif de production et l’objectif environnemental pour l’agriculture. On aurait pu imaginer aussi, plutôt qu’un conclave en trompe-l’œil, de lancer une initiative analogue sur la question des retraites.
Probablement marqué par celle sur le climat dont, contrairement aux engagements pris par le Président de la République, les conclusions ont dû passer par le filtre du surmoi néolibéral macroniste, l’exécutif a préféré choisir un sujet, certes complexe, mais sur lequel, à part la remise en cause oubliée de la réforme Peillon par Blanquer, il n’a guère pris position. On espère juste, alors qu’il a souhaité que le sujet des réseaux sociaux soit à l’ordre du jour de la Conférence citoyenne, qu’il attendra les conclusions de cet exercice avant d’en interdire l’accès aux mineurs de 15 ans, comme le Président de la République l’a souhaité il y a quelques jours. En tous cas, on n’est pas sur un sujet hystérisé et sur lequel il aurait pris un risque politique à essayer de dégager des solutions qui sortent du manichéisme qui s’est progressivement installé dans la gestion des politiques publiques. « A vaincre sans péril … ».
Paris, Croulebarbe, le 20 juin 2025.
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