Après avoir longuement hésité j’ai fini par signer la pétition « Non à la Loi Duplomb — Pour la santé, la sécurité, l’intelligence collective. » qui a d’ores et déjà dépassé les 2 millions de signatures sur la Plateforme des pétitions de l’Assemblée nationale. Comme je le fais à chaque fois que je signe une pétition, ce qui n’est pas pour moi un acte anodin, je veux donner ici des explications de signature.
J’ai hésité principalement parce que je ne voulais pas, ce faisant, participer à cette hystérisation des débats que je déplore entre la dénonciation de l’agribashing par les défenseurs de l’agriculture (en fait une certaine forme d’agriculture) et des agriculteurs, et celle, souvent tout aussi peu nuancée, du productivisme agricole par les défenseurs de l’environnement, hystérisation à laquelle pouvait contribuer certaines formulation du texte.
Je l’ai fait finalement, non, tels les résistants de la dernière heure, pour venir au secours de la victoire, mais parce que le nombre de signatures illustre l’absolue nécessité d’un débat citoyen sur ces questions des rapports entre agriculture et environnement, comme je l’avais moi-même proposé dans mon rapport sur la prévention du mal-être et du risque suicidaire en agriculture (recommandation n° 20 : « Organiser, dans le prolongement des travaux du PLOAA, une consultation publique sur la contribution de l’agriculture à la transition environnementale », consultation organisée par le Cese, comme la loi lui en donne désormais la compétence) et ce pour essayer de sortir de ce débat hystérisé et des injonctions contradictoires qui en résultent pour les travailleurs de l’agriculture avec toutes leurs conséquences en terme de mal-être et de malaise agricole.
Las, cette proposition qui avait recueilli l’intérêt du président du Cese Thierry Beaudet, n’a pas été retenue par le gouvernement. La Loi d’orientation et d’avenir agricole (LOAA) n’a quasiment pas traité le sujet et s’est traduite par un match nul avec avantage pour l’agriculture productiviste (voir sur ce blogue LOAA, une loi pour rien.). Et la proposition de loi Duplomb a transformé cet avantage en victoire à la Pyrrhus, comme l’illustre le sursaut citoyen qui s’exprime avec le succès de cette pétition.
J’appuie donc la demande d’une « consultation citoyenne des acteurs de la santé, de l’agriculture, de l’écologie et du droit », sous la forme d’une convention citoyenne, à l’image de celle qui a été conduite avec succès sur la fin de vie, et sur un sujet qui justifierait bien davantage le recours à cette méthode que la question certes importante mais beaucoup moins clivante des temps de l’enfance (cf. sur ce blogue A vaincre sans péril … (à propos de la conférence citoyenne sur les temps de l’enfance)). Comme l’a rappelé Thierry Beaudet sur LinkedIn, c’est le rôle du Conseil économique social et environnemental, « assemblée des organisations de la société civile » que d’organiser « la participation citoyenne ». Cette pétition lui en donne l’opportunité.
Les Contamines Montjoie, le 29 juillet 2025
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