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Solidarité à la source, versement unique : la mémoire et l’oubli

Deux fois de suite au moins, Emmanuel Macron a évoqué hier soir le versement social unique, ou la solidarité à la source, comme solution innovante pour régler un certain nombre de problèmes sociaux. Bien sûr je ne peux que me réjouir qu’il reprenne à son compte ce projet intégré dans son programme 2017 et qui faisait suite aux propositions que j’avais faites à Jean Pisani-Ferry dans le cadre de la préparation de son programme, et qu’il avait ressuscitée entre les deux tours de la présidentielle 2022 pour redonner une couleur un peu sociale à son projet. En s’appuyant aussi sur les travaux conduits sur cette base dans le cadre de la mise en œuvre du plan pauvreté par Fabrice Lenglart, « le spécialiste international du sujet », pour reprendre

Certains penseront que je suis un peu chagrin mais ma réaction a surtout été d’une grande tristesse, et ce pour deux raisons.

  1. Le projet de « solidarité à la source » est en cours de sortie de terre à l’initiative de Nicolas Grivel, l’actuel directeur général de la Cnaf. Mais que de temps perdu depuis huit ans ! Il aurait pu être mis en œuvre dès 2020- 2021 s’il avait été engagé dès 2017 comme je l’avais proposé en s’appuyant pour cela sur les travaux qui avaient été conduits pour la mise en œuvre du prélèvement à la source. Un projet dont il s’attribue au passage la paternité alors qu’il avait été engagé pendant le quinquennat de François Hollande et devait être mis en œuvre début 2018 et que c’est lui qui en a fait reporter la mise en œuvre d’un an.
  2. Le projet de versement social unique (ou de solidarité à la source) était bien sûr un projet de simplification, permettant au passage de limiter les erreurs, les abus ou les fraudes, comme l’a rappelé là aussi récemment Nicolas Grivel. Mais c’était aussi un moyen d’améliorer l’accès au droit, objectif qu’on n’entend plus guère. et qui aura une incidence en terme de dépense bien supérieur aux économies réalisées grâce à la lutte contre la fraude. C’est peut-être pour cela qu’on n’en parle plus. C’était aussi la première brique d’un projet de mise en place d’un revenu universel de base, permettant d’assurer la continuité socio fiscale. Sujet dont on parle encore moins.

Paris, Croulebarbe, le 14 mai 2025

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