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PLFSS 2026 : la pire des solutions à l’exception de toutes les autres …

On ne peut pas dire que le PLFSS qui a été voté hier par l’Assemblée nationale soit le meilleur possible. Mais on doit surtout souligner ce qui a été obtenu, notamment par les socialistes, qui permet plus qu’éviter le pire :

  • bien sûr, il y a, d’abord, la suspension de la réforme des retraites du début du deuxième quinquennat, ce qui laisse la possibilité soit dans les négociations qui auront lieu d’ici là, soit à l’occasion de la prochaine présidentielle, de reprendre le chantier de la nécessaire réforme des retraites, qui soit à la fois plus juste et plus durable ;
  • il y a également le retrait du doublement des franchises, mesure également injuste et inefficace pour maîtriser la dépense ;
  • surtout il y a une augmentation significative de l’Ondam (Objectif national des dépenses d’assurance maladie) qui passe de 1,6% dans le projet initial (ce qui correspondait à une diminution) à 3% : certes il faudrait, au moins temporairement, fixer un taux supérieur notamment pour investir dans le système de santé, y compris pour diminuer les dépenses inutiles ; mais cela évitera d’exercer une pression excessive sur ce système, notamment sur l’hôpital public et non lucratif, dont on a vu sur la période de 2008 à 2019 à quoi elle a conduit ;
  • la réduction à un mois de la durée des arrêts de travail n’empêchera pas leur renouvellement et n’a rien à voir avec l’augmentation initialement envisagée du délai de carence ; elle est beaucoup moins choquante que la façon dont l’assurance maladie gère aujourd’hui la mise sous objectifs des médecins, sujet qui n’a pas été discuté dans le cadre du PLFSS ;
  • sans oublier la création d’un vrai congé parental (hélas rebaptisé congé de naissance) certes encore insuffisant et qui se substitue à l’actuel congé parental. Disposition qui avait été refusée en son temps par Emmanuel Macron au motif de son coût.

Le plus regrettable c’est l’augmentation (« exceptionnelle » dit-on ) de 2,25 points de la taxe sur les complémentaires santé pour cacher un prélèvement supplémentaire de 1Md sur les ménages. Mesure à la fois injuste et là aussi inefficace qui relève de la technique du sapeur Camember : mieux vaudrait une augmentation, limitée, de la CSG qui aurait un meilleur rendement en termes de remboursement et pas d’effet d’exclusion en terme de couverture.

Cette mesure aberrante révèle le principal point faible de ce budget : le volet « recettes ». Obnubilé par l’objectif de ne pas augmenter les prélèvements sociaux la macronie n’arrive pas à penser que la part des dépenses de sécurité sociale dans le PIB ne peut qu’augmenter, au moins à moyen terme. Cela explique le sous financement de l’Ondam et ce faisant une grande partie du déficit prévisionnel de la Sécu. Encore un point qu’il faudra éclaircir à l’occasion des débats de la prochaine présidentielle. Avec pédagogie et sans démagogie.

Paris, Croulebarbe, le 10 décembre 2025 

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