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Covid19, un grain de sable dans la mondialisation ?

Le coronavirus est-il en train de réussir là où Attac et le mouvement altermondialiste ont échoué, en mettant en évidence l’aberration économique, sociale et environnementale d’une division internationale du travail fondée sur l’application de la théorie des avantages comparatifs, jusqu’au plus petit segment de la chaîne de production et de consommation, et du régime de croissance qui en découle. De la pénurie de pièces détachées automobiles à celle du paracétamol, de l’effet du boycott décrété par Donald Trump sur le système sanitaire iranien, en passant par un mouvement de décroissance induit qui finit par rendre plus respirable l’atmosphère des villes chinoises, on assiste à une dramatique leçon de choses sur les dégâts de la mondialisation. A tel point qu’un ministre de l’économie qu’on n’avait pas compris partisan de la démondialisation a pu, dans un français douteux, qualifier le virus de « game changer ».

En fait, plus que de gonfler les voiles idéologiques de l’altermondialisme, le vent d’inquiétude suscité par l’épidémie semble surtout récupéré, et alimenté, par les partisans du localisme et du repli national, en confondant mesures barrières et fermetures des frontières, alors que l’on sait qu’elles n’arrêtent pas plus les virus que les nuages nucléaires, et bien moins que de se laver les mains.

Mais s’ils semblent s’opposer, nationalisme identitaire et néolibéralisme mondialisateur partagent la même conception de l’humanité, héritée d’un darwinisme dévoyé des intuitions de l’auteur de « l’origine des espèces », et qui n’en a retenu que le « struggle for life », la compétition pour la survie, qu’il s’agisse de la concurrence entre les économies, ou des rivalités entre les nations.

C’est négliger « l’autre loi de la jungle » qui a permis le développement de la vie, végétale et animale, y compris dans sa forme humaine et qui, de l’organisation de la cellule à celle des sociétés, repose moins sur la compétition que sur la coopération. Ce que révèle à cet égard le coronavirus -et les progrès encore insuffisants de l’OMS en sont une illustration- c’est que prévenir et gérer les épidémies, comme aussi organiser le village planétaire pour qu’il reste habitable pour l’humanité, nécessiteront de gérer nos interdépendances et donc plus la coopération entre les nations que le repli et l’affrontement.

Paris, le 1er mars 2020.

 

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