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Jeunes : le chemin parfois difficile de l’émancipation

La politique de la jeunesse a fait l’objet de travaux importants pendant les quatre ans que j’ai passés à la tête de la branche Famille de la Sécurité sociale. Il faut dire que le sujet était sinon le « parent pauvre », du moins dans « l’angle mort » de la COG 2013-2017, qui avait priorisé l’accueil de la petite enfance et l’accompagnement de la réforme des rythmes éducatifs. Ces travaux ont conduit à une résolution adoptée à l’unanimité en janvier 2016 par le CA de la Cnaf, dans la perspective de la négociation de la COG 2018-2022. Ils ont aussi permis de contribuer aux différents rapports d’Antoine Dulin, ainsi qu’à des réorientations, hélas limitées, dans ce domaine, comme l’accès à la prime d’activité dès 18 ans, ou la généralisation des Promeneurs du net, par exemple.

Ces travaux se sont appuyés sur de nombreuses réflexions, que j’avais déjà évoquées sur ce blogue, ainsi que dans Regards, la revue de l’EN3S, et qui ont été regroupées dans ce numéro d’Informations sociales, « Jeunesses, les voies de l’autonomie ».

Jeunes : le chemin parfois difficile de l’émancipation

En France, les jeunes adultes font face à des difficultés croissantes pour accéder à l’autonomie. Davantage touchés que leurs aînés par le chômage, leurs revenus sont plus faibles et leur accès à un logement indépendant relève souvent de la gageure. Si la jeunesse reste une étape de transition où l’on accède progressivement aux attributs de l’autonomie de la vie adulte, cette période est de moins en moins linéaire et marquée par une très forte inégalité entre les individus. Certains jeunes, échouant à trouver un logement ou un emploi de manière durable sont parfois contraints de retourner vivre chez leurs parents.

Ce rôle des familles dans la transition vers l’autonomie s’explique aussi par l’organisation du système socio-fiscal français, dont la logique d’intervention est longtemps restée subsidiaire. Encore aujourd’hui, les jeunes n’accèdent totalement à la citoyenneté sociale qu’après 25 ans, âge à partir duquel ils peuvent accéder au revenu de solidarité active (RSA). En revanche, s’ils sont eux-mêmes parents, ils sont éligibles au RSA ainsi qu’à toutes les prestations familiales comme les prestations d’accueil du jeune enfant ou les allocations familiales.

Comparé à nos voisins européens du Nord de l’Europe, le système de protection sociale en faveur des jeunes apparaît donc encore largement perfectible. La prise de conscience des pouvoirs publics est ancienne et la réflexion a été intense ces dernières années pour apporter améliorations et innovations. En 2016, l’ouverture de la prime d’activité dès 18 ans est une évolution significative dans ce sens, comme l’introduction de la Garantie jeunes qui a permis d’offrir un filet de sécurité et un accompagnement spécifique aux jeunes les plus vulnérables. Toutefois, les débats récents sur le revenu universel montrent l’ampleur des controverses sur ces sujets.

Face à l’enjeu que représente l’adaptation de la protection sociale aux besoins des jeunes, la branche Famille de la Sécurité sociale n’a pas attendu une possible réforme des minima sociaux. Les leviers qu’elle active sont déjà nombreux, tant du côté des prestations légales que de son action sociale. Et la jeunesse est au cœur de ses orientations stratégiques pour les prochaines années. En étroite collaboration avec ses partenaires comme les missions locales, la branche Famille réfléchit à la manière de faciliter le recours aux aides proposées aux jeunes et améliorer ainsi l’accès à leurs droits grâce à un dispositif d’accompagnement intégré, le « Parcours jeunes ».

https://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2016-4.htm

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