Bref !, Sur le fil

La compensation de la suspension de la réforme des retraites ou les escroqueries néolibérales du sapeur Camember.

Glané dans l’Express : la lettre rectificative au PLFSS confirmant la suspension de la réforme des retraites précise que « pour compenser, le gouvernement prévoit de mettre à contribution les complémentaires santé, en faisant passer leur taxation, prévue uniquement en 2026, de 2,05 % dans le projet de loi de Finances de la Sécurité sociale à 2,25 %. Ces 0,2 point supplémentaires permettraient d’engranger les 100 millions d’euros nécessaires pour l’an prochain ».

Même si c’est pour un montant limité, financer en partie la suspension de la réforme des retraites par une augmentation plus importante encore que prévue de la taxe sur les complémentaires santé relève à la fois de l’escroquerie intellectuelle et  d’une gestion économiquement et socialement inefficace de la Sécurité sociale.

Escroquerie intellectuelle -voire escroquerie tout court [1]- car le prélèvement sur les complémentaires les conduira nécessairement à augmenter leurs tarifs, cotisations ou primes, donc finalement à augmenter les prélèvements sur les ménages. Cette alchimie néolibérale qui relève de la technique du du sapeur Camember ne fait que transmuter un prélèvement obligatoire qu’on ne veut pas augmenter en dépense contrainte : juste une convention de calcul car, en théorie, on n’est pas obligé d’avoir une complémentaire santé,

Mais en le sortant de la catégorie des prélèvements obligatoires, cette politique de Gribouille dégrade aussi l’efficacité du prélèvement social ; comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire sur ce blogue le rendement en termes de remboursement d’une contribution aux complémentaires est de l’ordre de 65% (et sera même inférieur avec cette nouvelle taxe) alors qu’il est de plus de 95% pour les contribution directe à la Sécurité sociale.

Une usine à gaz qui n’a d’autre justification que la stratégie d’endiguement de la Sécurité sociale avec comme ligne bleue la part apparente du prélèvement social dans le PIB.

« Sergent ! interroge Camember, et la terre du trou ? — Que vous êtes donc plus hermétiquement bouché qu’une bouteille de limonade, sapeur ! Creusez un autre trou ! — C’est vrai ! » approuve Camember. »

Paris, Croulebarbe, le 23 octobre 2025

[1] Selon le Code pénal « L’escroquerie est le fait (…) par l’emploi de manœuvres frauduleuses, de tromper une personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au préjudice d’un tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque (…). » (Article 313-1).

 

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