Chantiers, Sur le fil

Des maisons de la fraternité pour réinscrire la Sécu dans le vivre ensemble (Un Etat providence pour le 21ème siècle)

« Fraternité nationale : penser une politique nationale pour rendre aux maires leur pouvoir de fraternité« , tel est le titre du rapport de la Fondation Jean Jaures qui était présenté mardi 21 janvier par ses auteurs. Comme je l’ai fait remarquer ce rapport aborde peu, en tous cas pas assez à mon avis, la question de la Sécurité sociale (au sens large), troisième pilier de la République, avec l’Etat et les collectivités territoriales, notamment locales, et principale politique publique de fraternité avec un tiers du PIB qui lui est consacré. Au demeurant il constate à juste titre que si « notre système social est très développé, il délivre des prestations sociales nombreuses, mais de plus en plus complexes et dématérialisées (et que) progressivement, il tend à devenir un système de distribution de prestations sans relation, un système descendant et froid dans lequel la relation humaine est dégradée » et propose notamment de « réhumaniser et embellir les lieux de délivrance de services publics et de prestations sociales : France Travail, CAF, Maisons France services, etc. Plutôt que le 100 % numérique qui amène à exclure de plus en plus de personnes, il faut aller vers le 100 % humain et accueillant ! Tous ces lieux doivent redevenir des beaux lieux, dignes, qui réinvestissent la qualité du lien et de la rencontre avec les bénéficiaires. Et en milieu rural ou périurbain, la mobilité des personnes vers ces lieux doit aussi devenir une priorité. » Je propose d’aller plus loin encore et de généraliser des maisons de la fraternité qui pourrait devenir l’échelon de base et visible de la Sécu.

Aussi les Maisons de la Fraternité seraient elles autant de centres d’amitié et d’attention aux autres. Elles auraient une mission polymorphe : ce serait à la fois des lieux d’initiatives, de médiations, d’empathie, de compassion, de secours, d’information, l’information, de bénévolat et de mobilisation permanente. »

En 2011, Stéphane Hessel et Edgar Morin préconisaient la création de maisons de la fraternité Des maisons de la fraternité pour débureaucratiser l’Etat Providence et pour remettre de l’humanité et de la démocratie dans sa gestion. La façon dont ils développent leur projet mérite d’être citée : « Pour assurer le bien-vivre, il nous faudra revitaliser la solidarité. Nous proposons de créer des Maisons de la Fraternité dans les villes moyennes et grandes, ainsi que dans les quartiers des métropoles comme Paris. Ces maisons regrouperaient toutes les institutions publiques ou privées à caractère solidaire (Secours populaire, Secours catholique, SOS Amitié, etc.) et comporteraient de nouveaux services voués à intervenir d’urgence auprès des victimes de détresses morales ou matérielles, à sauver du naufrage les victimes d’overdose non pas seulement de drogue, mais aussi de mal-être ou de chagrin. ». Tout est dit, ou presque. Même s’ils n’ont même pas eu à l’époque un succès d’estime, sauf auprès de quelques municipalités qui ont repris l’idée à leur compte, mais sans y associer en général la sécurité sociale.

Je propose de réorganiser l’Etat providence autour de ces maisons de la fraternité Elles constitueraient à la fois la cellule de base de la Sécu et sa partie émergée rendant visible la troisième vertu de la République.

Au niveau local ces maisons pourraient s’organiser en partenariat avec les collectivités locales autour des maisons France service et des CCAS, au niveau intercommunal dans les zones rurales, à un niveau communal dans les zones urbaines, mais déconcentré dans les métropoles, et au niveau des quartiers dans le quartiers politique de la ville (QPV), en lien aussi avec les centres sociaux.

Ce pourrait être le lieu principal de lutte contre la bureaucratisation de l’Etat Providence en mettant en œuvre cette  « la réforme débureaucratique, qui débobotiserait les travailleurs des administrations et des entreprises, leur rendrait les initiatives, les feraient communiquer les uns avec les autres, les feraient communiquer les uns avec les autres, les décloisonnerait par rapport aux usagers, leur ferait prendre une conscience solidaire du tout auquel il participent » . Ce que dans la Sécurité sociale on appelle la « ligne de contact avec le public » serait assuré à ce niveau, pour l’ensemble des branches et des régimes. Cela supposera une évolution importante des systèmes d’information. Ces maisons seront également des espaces d’inclusion numérique, permettant de développer un « numérique à visage humain ».

Ces espaces de fraternité ne seraient pas qu’un espace de services mais aussi un espace de démocratie participative. Ainsi, dans les QPV ces maisons de la fraternité pourraient ainsi accueillir les conseils citoyens et, de façon plus générale, pourraient accueillir des conventions citoyennes locales.

Paris, Croulebarbe, le 23 janvier 2025

 

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