Bref !

Hubris médicale (à l’occasion de la retraite de Didier Raoult)

Didier Raoult, atteint à 69 ans par la limite d’âge (ou plus précisément l’ayant atteint), quitte aujourd’hui ses fonctions de chef de service de l’APHM de Marseille. L’occasion pour moi de lui adresser de sincères remerciements : en effet la lettre ouverte que je lui ai adressée ici il y a un peu plus d’un an (et qui a ensuite été reprise par Témoignage Chrétien), a fait explosé sur quelques jours le nombre de lecteurs de ce blogue (je devrais plus souvent surfer sur les vagues médiatiques des réseaux sociaux, mais elles sont très éphémères).

Bien sûr, il ne m’a pas répondu, mais j’ai reçu une bordée de critiques et parfois d’injures de nombre de ses soutiens -y compris dans TC-, non pour me répondre sur le fonds, mais contestant le légitimité d’un énarque à critiquer la parole éclairée du grand professeur : je m’étais pourtant bien gardé de discuter son opinion sur un plan médical -il y a, pour cela, une Haute autorité de santé dont je m’honore d’avoir participé à la création-, mais pour critiquer sa posture au regard de l’épistémologie dont il se targue pourtant d’être expert.

Commentant son départ à l’occasion de son passage sur TPMP, la célèbre émission scientifique et politique de Cyril Hanouna, le bon professeur a dénoncé l’« extraordinaire tendance à l’hubris, à la déraison qu’a exacerbée cette épidémie ». Là encore il faut le remercier de mettre en évidence cette dérive de la médecine. En mai 1975, Yvan Illich  dénonçait, en des termes radicaux et parfois trop univoques, la « némésis médicale », cette tendance de la médecine à développer des effets iatrogènes supérieurs aux effets thérapeutiques des traitements (qu’au passage le professeur marseillais nie pour ce qui concerne les antibiotiques). Il faudrait y ajouter aujourd’hui l’hubris médicale, cette tentation de la parole performative, si fréquente chez les politiques, et qui a contaminé à l’occasion de la pandémie tant de professeurs de médecine ; une « hubris médicale » qui est surement le moteur de cette « endosmose abusive de l’assertorique dans l’apodictique » et dont Didier Raoult a justement été l’un des « malades zéro ».

Paris, Croulebarbe, le 31 août 2021     

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