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Mais pourquoi ont-ils tué le service national ?

Dans son numéro du 27 mars, la lettre hebdomadaire de Témoignage Chrétien a repris dans une version un peu plus courte le papier publié ici sous le même titre.

La suppression du service militaire, c’est comme le quinquennat : c’est la faute à Chirac et à Jospin ! Encore que, dans ce cas, l’héritier du Jaurès de L’Armée nouvelle ait été plus réticent à la suppression de la conscription que l’héritier du de Gaulle de Vers l’armée de métier. Au moment où la France est confrontée à de réelles menaces, de l’agressivité de la Russie de Poutine aux attaques djihadistes, il apparaît clairement que c’était une erreur de diminuer l’implication citoyenne dans la défense.

Osons une uchronie. Imaginons qu’au lieu de « suspendre » le service national pour le remplacer par une journée de « défense et citoyenneté » nos deux compères, mus par le même souci de défense républicaine de la Nation, ont mis en place un service national universel auxquels sont appelé·e·s chaque année pour une période de six à huit mois les quelque 700 000 à 800 000 jeunes Françaises et Français – ou qui aspirent à l’être – âgés de 18 ans. Certains continuent à faire un service militaire, ce qui, mieux que des publicités à la télé, contribue au recrutement des armées ainsi qu’à la constitution d’une réserve – dont on voit aujourd’hui à quel point elle est nécessaire. Certains le font dans le cadre des forces de sécurité intérieure, dans la gendarmerie ou dans la police ou la douane, ce qui permet de développer une lutte citoyenne contre la délinquance. D’autres encore dans la sécurité civile, alimentant ainsi un flux de pompiers volontaires dont on commencerait sinon à manquer. Les geeks et les informaticiens de métiers sont mobilisés pour prévenir les attaques cyber.

Et les objecteurs de conscience ? Ils ne sont plus punis en faisant un service civil deux fois plus long que les autres, mais sont mobilisés pour développer les techniques de défense populaire non violentes. Un service national adapté aux ressortissants des outremers a été intégré dans ce service universel. D’autres, qui l’accomplissent dans le cadre d’un service civil qui vient renforcer les institutions de solidarité, aident à l’inclusion numérique ou sont volontaires dans le cadre de la coopération internationale, contribuant ainsi à l’amitié entre les peuples.

Imaginons encore que ce service soit précédé par un mois de « classe », une session de formation à la défense et à la citoyenneté, pluraliste, assurée à la fois par les armées, l’Éducation nationale et des organisations de la société civile. Une occasion de brassage social, d’intégration des jeunes issus de l’immigration, d’échange sur les valeurs de la République et sur la laïcité. Ces sessions sont l’occasion de former toutes les générations au secourisme, y compris en santé mentale. Elles permettent une sorte de bilan de santé et de compétence, de mesurer les handicaps sociaux, comme l’illettrisme, d’éduquer à la santé, d’aider les jeunes à faire le point et à mieux s’orienter ; des sessions qui permettent de prévenir la radicalisation, de diminuer la violence et la délinquance dans la jeunesse et de rendre visible, pour ceux pour qui elle ne l’était pas, la promesse républicaine…

Témoignage Chrétien, le 27 mars 2025

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