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Pourquoi c’est si compliqué l’amour ?

Pourquoi c’est si compliqué l’amour ?

Philippe Brenot aurait pu titrer son livre « le malentendu originel ». S’appuyant à la fois sur ses travaux d’anthropologue et sa pratique de thérapeute, il montre que le passage du primate à l’humain est à l’origine d’une modification du rapport à la sexualité, et donc d’une modification du rapport entre mâles et femelles, devenus hommes et femmes. C’est même, pour l’auteur, ce qui marque le passage à l’humanité. Avec, des modifications fondamentales des rapports entre les uns et les autres : la capacité permanente d’accouplement, le développement de la pudeur (comme dit la Genèse « ils connurent qu’ils étaient nus »), et surtout, pour assure la reconnaissance de la paternité, l’institution du mariage, « bras armé de la domination masculine », « l’outil de contrainte des femmes pour ne rencontrer qu’un seul homme, son mari ». Une domination qui a une autre traduction spécifique à l’espèce humaine : les violences faites aux femmes, violences qui ne sont pas toujours des violences physiques et qui commencent par leur infériorisation et dont les hommes n’ont en général pas conscience, comme l’avais déjà constaté Philippe Brenot il y a dix ans dans « Les violences ordinaires des hommes envers les femmes ».

La remise en cause, au cours des dernières décennies, de la répartition traditionnelles des rôles entre hommes et femmes, les évolutions qui en ont résulté au sein du couple, ont révélé un  grand malentendu entre les unes et les autres, notamment dans deux domaines : le langage et la sexualité. Le langage est, par nature, source de malentendu, et les mêmes mots, comme les silences aussi, peuvent exprimer des désirs différents selon qu’on soit homme ou femme. Et pourtant arriver à trouver un langage commun doit permettre « la résolution non violente des désaccords et le soutien réconfortant d’une écoute partagée ». Malentendu sexuel sutout, et le thérapeute de couples invite les hommes a respecter les cinq temps de l’amour -la séduction, la tendresse, le désir, l’excitation et la sexualité-, alors qu’ils risquent toujours de brûler les étapes, pour entrer, pour ne pas dire pénétrer, dans le jeu de l’oie par la case « excitation », ce qui, « à l’extrême » constitue « le viol ».

En appelant en conclusion à recommencer, Philippe Brenot invite, d’une certaine façon, à récrire la Genèse, en appelant chacun et chacune à toujours considérer l’autre comme son « inconnu(e) »

 

Paris, le 6 septembre 2019

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