Chantiers, Démocratie & Spiritualité

Réveillons- nous !

La dernière conviviale de Démocratie & Spiritualité, le 19 octobre, était consacrée à la situation politique, dans le prolongement des travaux de notre Université d’été. J’ai essayé de résumer ici dans un texte que je soumets à la discussion, ce que m’ont semblées être les conclusions de ce débat interne.

Réveillons- nous !

A l’approche de la principale échéance électorale à laquelle semble de plus en plus se résumer la démocratie française, l’heure est au pessimisme ; deux émotions tiennent le haut du pavé de l’opinion : la colère et la peur. L’une et l’autre alimentent une forme d’entropie démocratique : en réaction à l’hyper-individualisme consumériste et destructeur des solidarités, promu depuis quarante ans par les politiques néo-libérales, l’aspiration démocratique se dégrade en ressentiment populiste.

Peurs et colères alimentent une violence, physique mais aussi psychologique et verbale ; quand des débats hystérisés dégénèrent en polémiques, quand l’autorité se ramène à l’emprise et quand le pouvoir est sourd à l’expression populaire, quand les manifestations se transforment en combat de rue, la guerre civile, que certains appellent désormais de leurs vœux, risque de se substituer à la démocratie, et la République et sa promesse de communs de se dissoudre dans  les intérêts et les passions.

Le déclin des idéologies, des grands récits, des grandes espérances, y compris religieuses laisse place à ce clair obscur où se développent les passions tristes, sous forme de fanatisme religieux, de repli identitaire, de délire complotiste.  Comme à d’autres moments de son histoire, la France, la République, risque d’y perdre son âme.

Ce n’est pas la laïcité qui est responsable de cette situation : si elle laisse libre, ouvert, l’espace du sacré, si elle protège de l’emprise et du prosélytisme, elle n’est pas responsable de la perte de sens que révèlent ces phénomènes.

Dans cet espace que nous ouvre la laïcité, nous appelons à un sursaut spirituel et démocratique ; à un sursaut démocratique qui s’appuie sur un sursaut spirituel. Un sursaut spirituel qui ne soit pas un retour aux religions, aux idéologies, ni même aux grands récits mythiques, mais qui annonce le retour de l’espérance, l’espérance en la possibilité d’un monde meilleur ; qui annonce le retour de l’utopie, l’utopie d’une humanité réconciliée avec elle-même et avec la nature ; le retour d’une grande ambition pour la Nation, pour l’Europe et pour la Planète.

Un sursaut spirituel qui s’appuie sur une dynamique de partage des traditions spirituelles de l’humanité, qu’elles soient religieuses ou non, dans ce qu’elles ont de meilleur. Un sursaut spirituel qui renouvelle notre mystique républicaine, en nous redonnant le goût des communs et de l’intérêt général. Un sursaut spirituel qui tire l’éthique de responsabilité dans le sens de l’éthique de conviction, et permette d’éclairer le discernement nécessaire face aux nombreux dilemmes auxquels nous sommes confrontés.

Un sursaut démocratique qui soit d’abord un sursaut citoyen, un sursaut de l’engagement citoyen. Un sursaut démocratique qui permette l’expression et a résolution pacifique des désaccords et des conflits en expérimentant de nouveaux modes de délibération collective. En résumé, un sursaut démocratique qui permette de redonner tout son sens au troisième principe de la devise républicaine, la fraternité.

Dans le train de retour de la marche pour la paix de Cannes à Nice avec Compostelle Cordoue, le 31 octobre 2021

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