Bref !

Et on reparle des franchises ou « éloge de la paresse » intellectuelle dans la maîtrise des dépenses de santé.

Dépenses de santé : le projet de hausse des franchises médicales s’affine | Les Echos

Selon Bruno Lemaire « La gratuité ou la quasi-gratuité (des médicaments) qui peuvent conduire à déresponsabiliser le patient expliquent que l’achat de médicaments soit encore si élevé en France ». D’où l’idée d’augmenter les franchises qui avaient été créées en 2004 par le plan Douste-Blazy [1]. Il faut dire que le gouvernement souhaite revenir à un taux de croissance de l’Ondam contraint à +2,7 % pour 2024 (probablement plutôt 3,1 % si l’on en croit les Echos).

Il est clair que l’augmentation des franchises qui constitue une sorte de ticket modérateur d’ordre public [2] diminue d’autant et mécaniquement la dépense remboursée par l’assurance maladie ; mais elle n’a, pas plus que le ticket du même nom, d’effet modérateur sur la dépense, sauf pour ceux, les plus pauvres, pour qui elle constitue un frein pour l’accès au soins.

Car qu’on le sache ce sont bien les médecins et non les patients qui prescrivent, et nous avons toujours en France les ordonnances parmi les plus longues d’Europe [3], l’assurance-maladie ayant quasiment délaissé les actions sur la surprescription des médicaments  que j’avais engagées il y a vingt ans.

La franchise c’est comme le délai de carence pour les arrêts de travail : ça ne responsabilise pas les assurés mais ça pénalise de façon injuste les malades au lieu de renvoyer à leur responsabilité les prescripteurs, i.e. les médecins. C’est le triomphe de la paresse intellectuelle en matière de maîtrise des dépenses de santé.

Les Contamines Montjoie, le 7 août 2023

[1] Je m’y étais opposé à l’époque (pas publiquement bien sûr, obligation de réserve oblige) et j’avais même proposé (sans succès) à François Hollande et à Marisol Touraine de les supprimer en 2012 en compensant la dépense supplémentaire pour l’assurance maladie par des mesures d’économie sur d’autres postes.

[2] Car non remboursable par les mutuelles, comme dans le projet de Raymond Barre auxquelles elles s’étaient opposées à la fin des années soixante-dix.

[3] Voir par exemple la récente étude de l’Inserm : En France, les prescriptions médicamenteuses chez les enfants se maintiennent à des niveaux élevés – Salle de presse de l’Inserm

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