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Droits de l’homme et laïcité : sur deux anniversaires passés inaperçus

S’il y a un point pour lequel j’en veux particulièrement aux « gilets jaunes », c’est d’avoir occulté, avec leur mouvement, deux anniversaires essentiels pour notre République : celui, dimanche 9 décembre, de la loi de 1905, qui dans ces deux premiers articles a posé les principes de la laïcité, et celui, lundi 10 décembre, de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, largement inspirée de notre Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, complétée par les principes sociaux qui ont été formulés dans l’immédiat après-guerre, dans l’esprit de Philadelphie, et de la déclaration adoptée par l’OIT le 10 mai 1944.

Je sais, on va me dire que tout cela n’est que réaction de bobo, insensible aux difficultés des gens du peuple. Je sais, on va me dire qu’il ne s’agit que déclarations de principes, dans lesquelles l’Occident se donne bonne conscience, avec un lointain rapport avec les politiques conduites par les gouvernements qui les proclament. Que tout cela n’affirme que des droits formels sans s’inquiéter vraiment des droits réels.

Il n’empêche : je suis de ceux qui pensent que l’Etat de droit, à l’échelle internationale comme à l’échelle nationale, est une condition nécessaire, même si elle n’est pas suffisante, de la démocratie. Et qu’un Etat de droit, humain, simplement humain, doit reposer sur l’affirmation des principes de notre « vivre ensemble », principes qui ont une vocation juridique, bien sûr, mais qui, « au delà », si j’ose dire, affirment une forme de transcendance laïque. Comme mon ami Yann Aguila qui se bat pour l’adoption d’un pacte internationale pour l’environnement.

Même si le caractère djihadiste de l’attentat de Strasbourg n’est pas encore confirmé, il n’en demeure pas moins qu’il nous rappelle que cette menace, issue de l’islamisme radical, reste présente, à l’échelle nationale, comme à l’échelle internationale, qu’elle remet directement en cause les principes affirmés dans ces deux textes, et, en fait, notre forme de « vivre ensemble ».

Bien sûr, il n’y a pas que l’idéologie islamiste qui conteste, parfois avec une violence équivalente, les principes de cette forme de « vivre ensemble », dont il faut toujours rappeler qu’ils ont été établis pour mettre fin aux violences extrêmes que nous avons connues à l’échelle nationale ou internationale : les guerres de religion en France, les guerres mondiales pour la planète. Il n’en demeure pas moins qu’elle en est un des courants les plus actifs aujourd’hui, alimentant par réaction d’autres remises en causes de ce « vivre ensemble », aux relents racistes nauséabonds.

Paris, le 12 décembre 2018

 

Addendum : « Djihadistes, djilets jaunes : même combat », le papier auquel vous avez échappé.

Quand j’ai vu la réaction d’un certain nombre de leader des chemises jaunes à l’attentat de Strasbourg, soupçonnant, ou même accusant le gouvernement de l’avoir organisé pour détourner l’attention du mouvement et pouvoir bloquer les manifestations qui lui sont hostiles, je dois dire que je suis resté sans voix, et donc sans mots pour dire mon indignation.

Je ne peux m’empêcher de penser que ce mouvement est, dans une partie au moins de ses tréfonds, profondément antidémocratique : le populisme n’est pas la démocratie, et la foule informe n’est pas le peuple souverain. Comme l’ont montré aussi les menaces dont ont été l’objet les « leaders » qui ont accepté de discuter avec le gouvernement.

De ce point de vue il y a un parallèle à faire entre ce mouvement majoritairement fait de « blancs », males, mais aussi femelles, et celui des islamistes radicalisés. L’expression d’une colère, peut-être pour partie justifiée, mais qui trouve des modes d’expression qui conduisent à la violence de tous contre tous. « Le ventre est encore chaud …. « .

Paris, le 12 décembre 2018

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