Bref !, Sur le fil

Du voile et de la laïcité (contre l’islamisme et contre l’islamophobie, 3)

Sur le voile, tout a été dit … et son contraire ; et les deux sont vrais : que le voile révèle une volonté d’inférioriser la femme ; mais que son port, librement revendiqué par 99% de celles qui le portent est l’expression de leur liberté religieuse garantie par la laïcité.

Sur la laïcité, tout a été dit aussi … et son contraire ; et les deux sont vrais : que la laïcité garantit le droit de croire (et de ne pas croire) et de l’exprimer, y compris dans l’espace public, y compris dans sa tenue vestimentaire dès lors qu’elle ne trouble pas l’ordre public comme le voile intégral ; mais qu’elle impose la neutralité à ceux qui participent au service public, et donc l’absence de ports de signes religieux, et donc du voile, dans l’exercice de leur fonction.

Mais ce voile peut en cacher un autre, et même plusieurs.

L’agression volontairement médiatisée d’un conseiller RN contre une mère voilée sous couvert de laïcité n’est clairement qu’une manifestation raciste de rejet de la population d’origine maghrébine, improprement qualifiée d’arabe ; une manifestation de cette forme de racisme qu’on a pris l’habitude de qualifier d’islamophobie.

Mais ne nous voilons pas la face non plus. La lutte contre l’islamophobie, terme qu’ils ont d’ailleurs popularisé, est aussi le paravent des mouvements islamistes qui veulent imposer leur conception d’un islam politique. Et, piège de cette situation, l’islamisme alimente l’islamophobie, et réciproquement.

Pour sortir d’un cercle vicieux qui pourrait nous conduire à la guerre civile, commençons par ne pas tout confondre. L’islamisme n’est pas le djihadisme, qui en est la version violente, mais il en est le terreau. Surtout ne réduisons pas l’islam, religion qui comme toute les autres a droit de cité dans la République, à l’islamisme qui n’en est qu’une des traductions ; une conception qui reste minoritaire mais qui, malheureusement, progresse au sein des communautés musulmanes, comme vient de le révéler le sondage réalisé pour la Fondation Jean Jaures et Le Point par Ipsos-SopraSteria.

En qualifiant l’islamisme d’ennemi de la République Emmanuel Macron n’a pas plus attaqué les musulmans que Gambetta n’attaquait les catholiques en affirmant à la tribune de l’assemblée : « le cléricalisme, voilà l’ennemi ». Car ce qu’il y a de commun entre les deux c’est de vouloir imposer aux citoyens une soit-disant loi religieuse qui serait supérieure à la loi républicaine.

Face à cela la laïcité n’est qu’un rempart. Cessons donc de lui demander plus qu’elle ne peut apporter et luttons contre l’islamophobie avec l’arsenal des lois antiracistes ; et luttons contre l’islamisme avec les armes de la politique, en nous attaquant aux racines du mal, à ses racines économiques et sociales bien sûr, en investissant dans les « territoires perdus de la République », comme l’avait proposé Jean-Louis Borloo ;mais aussi à ses racines idéologiques en allant, tels les hussards noirs de la République, à la reconquête des esprits manipulés par la propagande islamiste.

Paris, Bruxelles, le 18 octobre 2019

2 commentaires

  • islamophobie : La phobie signifie une peur irraisonnée voire maladive de quelque chose, alors utiliser ce terme revient à nier la critique possible d’une religion.
    Interdire la critique de qui ou de quoi que ce soit revient à le laisser dans un immobilisme grave, car seules les critiques peuvent faire évoluer les idées, jamais les éloges ou l’indifférence.
    L’usage des mots est une arme dangereuse, ainsi je vois confondre islamistes et musulmans, religions et culture, religion et ethnie, croyance et idées, religion et pays, pour faire dire n’importe quoi à n’importe qui.

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