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Pourquoi nous consentons à l’impôt

«Pourquoi nous, soussignés, consentons à l`impôt»

«Nous, soussignés, assujettis à l`impôt sur le revenu et, pour certains d`entre nous, à l`impôt de solidarité sur la fortune, considérons ces prélèvements comme légitimes et sommes fiers d`apporter ainsi notre contribution aux dépenses publiques nécessaires au progrès, à la cohésion sociale et à la sécurité de la nation. Nous considérons également qu`un impôt progressif sur les successions est le corollaire indispensable des libertés économiques offertes par l`économie de marché. Le marché est facteur de progrès parce qu`il permet à l`esprit d`entreprise de s`exprimer.

Mais les inégalités qu`il engendre sont mortifères pour la démocratie si aucune limite n`est mise à la transmission héréditaire de la richesse. Celle-ci doit être acquise par le travail, par le talent, et non par le simple fait d`avoir hérité de ses parents. Une société où le pouvoir économique se transmet par héritage est une société condamnée à une croissance lente, où les rentiers l`emportent sur les créateurs et où travail et mérite perdent toute valeur.

«L`Etat doit bien sûr savoir se réformer. Augmenter les impôts n`est pas une fin en soi et la liberté de chacun passe par la libre disposition d`une large part du fruit de son travail. Mais voir des candidats à la magistrature suprême proposer des mesures démagogiques en matière fiscale et justifier la sécession sociale des plus riches nous consterne. Car nos revenus ne proviennent pas seulement de notre talent personnel. Ils ont été acquis par notre travail, mais celui-ci ne porterait pas ses fruits sans le stock d`infrastructures, d`innovations, de savoir-faire, de goût d`entreprendre, de lien social, qui nous a été transmis par les générations qui nous ont précédés.

C`est cet héritage commun qu`il nous revient de préserver et de développer en priorité afin d`assurer la qualité actuelle et future de notre vie individuelle et collective. Ce qui passe par un niveau élevé de dépenses publiques. Ces dépenses ne sont pas seulement un coût, elles sont aussi un investissement, gage à la fois de justice et de dynamisme.

C`est pourquoi nous consentons à l`impôt et récusons des baisses de la fiscalité dont la contrepartie serait l`insuffisance des moyens donnés à la protection sociale des plus pauvres, à l`éducation, à la recherche, à la santé, au logement ou encore à l`environnement.»

Les premiers signataires : Fadela Amara, Jean-Marie Albertini, Max Armanet, Philippe Askenazy, François Baraduc, Pierre Besançon, Christophe Bigot, Vincent Boggio, Gaby Bonnand, Noël Bouttier, Robert Boyer, Anton Brender, Bernard Carrère, Luc Champagne, Louis Chauvel, Christian Chavagneux, Jean Clément, Denis Clerc, Jean-Baptiste de Foucauld, Gilles de Courtivron, Geneviève Decrop, Geneviève Delaisi de Parseval, Jacques Delors, Michel Dollé, François Dubet, Gérard Duchamp, Guillaume Duval, Gilles Finchelstein, Maurice Fournet, Philippe Frémeaux, Antoine Garapon, Patrice Garnier, Jérôme Gautié, le groupe Les Wriggles, Roger Godino, Philippe Grangeon, Jean-Paul Hébert, Jean-Claude Guillebaud, Thierry Jeantet, Wojtek Kalinowski, Patrick Klugman, Daniel Lenoir, Didier Livio, Jacques Maillot, Jacques Maire, Antoine Martin, Eric Maurin, Dominique Méda, Olivier Mongin, Marc-Olivier Padis, Thierry Pech, Hélène Périvier, Michel Préfol, Hugues Puel, Dominique Raymond-Blanc, Loïc Richard, Pierre Rosanvallon, Paulette Souchon, Jérôme Vignon, Patrick Weil, Robert Zarader.

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