Bref !, Sur le fil

Vous n’aimez pas les vaccins, essayez les maladies ! (« au temps du corona », 1)

Confiné chez moi comme tout le monde depuis une semaine, et cloué au lit depuis cinq jours par une forme probablement et heureusement pas très grave de Covid19 (mais comment en être sûr, puisqu’on ne peut pas faire de test), je profite de ce moment d’arrêt, et de la baisse de ma température corporelle depuis ce matin, qui me permet de retrouver, un peu, d’énergie, pour ouvrir cette nouvelle chronique, « au temps du corona ». Cette crise, cet événement, inédit à plus d’un titre, pose de multiples questions dans de nombreux domaines, et modifiera, on l’espère, nombre de nos repères, comme je l’ai déjà exprimé ici, sur la mondialisation, ou sur les mouvements qui agitent la noosphère.

Plus modestement au regard des ces grands enjeux, cette chronique se veut, elle, pointilliste, abordant sur un point particulier, ce que m’inspire cette crise. En commençant par un sujet qui m’est cher : la vaccination.

Vous n’aimez pas les vaccins, essayez les maladies !

C’est ce que j’avais l’habitude de répondre aux journalistes qui m’interrogeaient, dans le Nord Pas-de Calais, sur ceque je pensais des mouvements de refus de la vaccination. Comme tout le monde n’appréciait pas cette forme d’humour, je n’en ai pas fait, comme pour les antibiotiques, un message décalé de santé public. La crise du coronavirus en est hélas une illustration dramatique du bien fondé, puisqu’en l’absence de vaccin, nous n’avons pas d’autre choix que d’attendre que l’immunité collective se mette en place, quand suffisamment de nos concitoyens aurons, comme c’est probablement mon cas, été en contact avec le virus et développé, sinon des formes plus ou moins graves de la maladie, du moins les anticorps du virus.

C’était le choix initial du premier ministre britannique, de laisser cette protection naturelle, se mettre en place, mais avec le risque que le nombre de formes graves dépassent la capacité de traitement des hôpitaux. Les estimations sur le taux de personnes contaminées pour que le virus commence à voir sa progression se ralentir, puis s’arrêter, varient, notamment en fonction du taux de contagiosité des maladies (le fameux R0, qui indique le nombre moyen de personnes contaminées par une personne contagieuse) : il serait par exemple de 95 % pour la rougeole, ce qui montre l’importance de la vaccination dans ce cas, pour obtenir par ce moyen, le même résultat qu’avec un contact direct avec le virus, avec le risque en moins.

Loin de moi l’idée de contester que la vaccination, comme tout moyen efficace de soigner, ne comporte aucun risque (les grecs l’avaient bien compris, qui désignaient du même mot, pharmakon, et le médicament et le poison) : mais celui-ci est infinitésimal au regard du risque de la maladie elle même. Bien sûr, il faut réduire ce risque vaccinal au maximum en faisant des tests, qui sont forcément longs pour un nouveau vaccin, et surtout, comme on devrait d’ailleurs le faire pour tout médicament, en assurant un suivi systématique, post-amm, que l’utilisation des « big data » rendrait aujourd’hui relativement aisé.

Face aux inquiétudes et incompréhensions sur le délai nécessaire pour mettre en place un éventuel vaccin on n’entend guère en ce moment le chœur effarouché des antivax, relayant à la fois des infox, et manifestant  une dissymétrie de jugement dans l’espèce humaine qui s’inquiète moins des conséquences d’une inaction que de celles d’une action, comme l’a démontré Gérald Bronner. Espérons que cet épisode qui nous oblige, de façon involontaire, à essayer la maladie faute de disposer d’un moyen vaccinal, volontaire, de lutter contre elle, les amènera à réfléchir, ou plus exactement, à utiliser les instruments moderne de la raison, i.e., celle qui intègre les notions complémentaires de probabilités et de complexité, avant de s’opposer à nouveau à l’obligation vaccinale.

 

Paris, Croulebarbe, le 23 mars 2020, 7éme jour de confinement, 5ème jour de coovid 19.

Prochain sujet : la suppression du jour de carence pour les arrêts de travail

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