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Social, et culturel

 

Deux visions des rapports entre l’art et le social se sont longtemps opposées. D’un côté, le soutien des pouvoirs publics à la création relevait à l’origine d’un « art pour l’art ». De l’autre, le caractère militant d’une vision engagée de l’art le confinait parfois à la propagande ou appauvrissait sa recherche du beau.

Cette opposition apparaît aujourd’hui datée, et, pour tout dire, dépassée. Si l’art ne peut être déconnecté de l’aspiration esthétique, il transforme notre perception du monde en s’emparant des sujets centraux de notre existence, qu’ils aient une dimension collective, sociale, personnelle ou profondément intime, comme le montre le bel entretien accordé par Joël Pommerat pour ce numéro d’Informations sociales à propos de son spectacle, « Cet enfant » consacré aux relations familiales.

Une action « sociale » peut dès lors devenir « socioculturelle », si elle mobilise l’art pour renforcer les capacités et l’autonomie des individus tout en contribuant au lien social. Le fait de soutenir de diverses manières un accès à la culture au plus grand nombre (centres sociaux, maisons des Jeunes et de la Culture, action des musées en direction des familles, des publics fragiles…), aboutit moins à défendre un droit passif à l’art et à la culture – un droit de « spectateur » – qu’à rendre l’individu acteur de sa propre expérience ou expression esthétique tout en l’inscrivant dans des pratiques et formes de diffusion collectives (spectacle vivant, musée, bibliothèque…). Les arts et la culture contribuent ainsi à tisser des liens essentiels au fonctionnement de notre société. Vecteurs d’émancipation individuelle et d’accès à la citoyenneté, arts et culture sont bien au cœur du social. Peut-être une façon d’apporter au social « un supplément d’âme ».

 

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